Etre consom'acteur dans le respect et la bienveillance (des autres et de soi-même)
Ecrit par Nadège
Être consom'acteur, consommer différemment et dans le respect de l'environnement ... Ok, mais concrètement, comment fait-on?
Et bien, il n'y a pas de recette toute faite! Chacun fait de son mieux, avec ses contraintes (de temps, de travail, de santé, de famille, ...), mais aussi en fonction de ses intérêts et de ses sensibilités. On peut monter dans le bateau du "durable" parce qu'on aime se déplacer en vélo, manger sainement ou fabriquer soi-même ses vêtements, par exemple. Et au final, peu importe, parce que tous les petits pas comptent. Tous ces petits gestes vers une consommation des ressources de la planète plus respectueuse ont leur importance. Surtout si on s'y met tous! Un petit colibri, ce n'est pas grand chose; mais 7 milliards de colibris, ça fait beaucoup plus de remous!
Et puis, très souvent (on pourra sûrement le constater quand s'étoffera la rubrique témoignages), et parfois très vite, ces premiers petits pas en amènent à d'autres : on veut réduire la taille de sa poubelle et c'est finalement toute notre assiette qui est transformée ; on veut simplement se rendre au travail en vélo et c'est finalement la finalité de cet emploi qui est remise en question ; on veut acheter des légumes bios et c'est finalement tous nos achats qui sont repensés (leur utilité, leur provenance, leur emballage)... Bref, un changement vient rarement seul. Qu'elle que soit la façon dont elle est venue, la prise de conscience environnementale nous amène à vouloir vivre dans une plus grande cohérence avec nos valeurs.
Mais, ce n'est pas pour autant que tous les pans de notre vie s'en trouvent affectés, ni qu'on devient du jour au lendemain un "parfait éco-citoyen". Déjà, parce que c'est un cheminement, un tâtonnement perpétuel, où il n'y a pas toujours de bonnes, ni de mauvaises réponses. Ensuite, parce que la perfection n'existe pas, l'être humain est, par nature, doué pour les contradictions. Enfin, parce que nous avons, chacun, nos propres contraintes, nos propres limites aussi.
Est-ce grave? Non, je ne pense pas. Tant qu'on est conscient de nos "défauts", qu'on raisonne pour trouver des solutions plus adaptées à nos modes de vie (et tant pis, si ce n'est pas parfait. Si on va vers un mieux, c'est toujours ça de pris), qu'on se remet régulièrement en question (car rien n'est figé) et qu'on accepte aussi d'être un peu bousculé dans son petit confort.
Quelques exemples personnels qui me freinent pour vivre en parfaite cohérence avec mes valeurs, mais qui ne m'empêchent pourtant pas d'amener ma petite pierre à l'édifice, chaque décision étant le fruit de mûres réflexions pour être le plus en phase avec, d'un côté, ma conscience et, de l'autre, ma réalité :
- J'aime beaucoup le café et le chocolat, deux produits pour le coup pas très "local". M'en passer complètement pourrait risquer de me rendre beaucoup moins sympa et briser mon élan citoyen. Alors, je les consomme "mieux" : moins souvent mais de meilleure qualité, issu du commerce équitable et bio. Pour le chocolat, je cherche aussi des artisans locaux. Pour le café, ce n'est évidemment pas en capsule, ni en dosette et, à la maison, c'est en grains qu'on moud en fonction des besoins pour conserver le goût.
- Je prône les déplacements à pieds, en vélo et en transports en commun en ville, mais j'ai une voiture, et diesel en plus... Parce qu'avec deux gamins, dont un tout petit en maxi-cosi, il me faudrait une remorque-vélo et je ne me sens pas assez sûre de moi au milieu de la circulation automobile ; parce qu'en plus avec un planning bien rempli, pas évident de caser presque 3 km à pieds pour un seul trajet ; parce qu'il n'y a pas de bus direct. Quant au choix du modèle de voiture, il devait d'abord entrer dans notre budget. Ensuite, on le voulait d'occasion (rapport à l'énergie grise) et peu polluante (ses performances valent celles de modèles essence, d'autant qu'on fait aussi pas mal de longs trajets). Bref, avec nos contraintes et limites, on a cherché une solution alternative. Elle n'est pas parfaite, loin de là, mais elle était la plus adaptée à l'instant T de nos recherches. Et d'ici quelques mois, on devrait passer à une solution plus adaptée à nos convictions, parce que le grand pourra pédaler, que le mini tiendra assis dans un siège et qu'on se bat pour avoir une station Cambio à proximité de chez nous.
Et j'en ai d'autres des exemples (l'isolation de la toiture, les langes, ...), et je suis sûre que vous aussi, ces choix qu'on voudrait plus verts, plus citoyens, mais qui se cognent aux questions de budget et aux obligations de temps, ... Est-ce une raison pour ne rien faire? Bien sûr que non, mais ça implique de s'interroger, de chercher, d'éviter les solutions de facilité. D'écouter aussi les gens qui nous entourent. Parce que leurs freins sont différents des nôtres et qu'ils peuvent nous inspirer, nous guider.
La recherche de la perfection et ses travers
Ce qu'on devrait peut-être plus souvent se dire : "Ce n'est pas parfait, mais, au moins, c'est fait!"
La bienveillance
Terme très à la mode et pourtant peu souvent compris. Selon la définition du Dr Catherine Gueguen, la bienveillance consiste " à porter sur autrui un regard aimant, compréhensif, sans jugement, en souhaitant qu'il se sente bien, et en y veillant ".
Qu'est-ce que cela implique? Eviter de juger, railler, critiquer les petites actions des autres. Idem pour leurs inactions en fait.
Pourquoi l'appliquer dans la recherche d'un mode de vie plus durable? Pour ne pas freiner les colibris timides. Rappelons-nous qu'on a besoin de l'action de tout le monde. Et puis, on ne connait pas les contraintes et les limites (qu'elles soient réelles ou ressenties) des autres. Et peut-être manquent-ils simplement d'information. Ce n'est pas en les moquant qu'on va les motiver (que du contraire). C'est plutôt en partageant son expérience, en initiant la réflexion, en incarnant le changement que l'on veut voir, en écoutant et en encourageant qu'on pourra inclure même les plus récalcitrants à changer leur mode de vie.
Puis, souvenons-nous, qu'on a tous des contradictions, des manques de cohérence entre notre volonté et nos actes, et qu'on a toujours à apprendre des autres et de leurs expériences et savoirs.